Gare aux applications d’identification des champignons sur téléphone
Selon une étude réalisée dans le cadre de sa thèse, Madame Laurie HASARD docteur(e) en pharmacie a testé différentes applications d’identification des champignons durant les saisons 2021 et 2022. Nous vous présentons dans cet article un résumé de cette étude qui a été diffusée dans le bulletin annuel 2024 de la Fédération des Associations Mycologiques de l'Ouest (FAMO).
Pour beaucoup d’entre nous, le Smartphone est devenu un outil indispensable à tout faire avec une infinité d’applications qui se vantent de fournir des réponses instantanées
Depuis quelques années les Autorités de Santé, les Centres Antipoison, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) qui observent une forte augmentation des intoxications dues aux champignons nous alertent sur les risques encourus à faire confiance aux applications sur smartphone pour identifier les champignons.
La méthode utilisée par Laurie HASARD a consisté à présenter des photos de 149 espèces de champignons aux 5 applications testées puis à faire déterminer les mêmes champignons par un collège de mycologues de la Société Lorraine de Mycologie et de pharmaciens.
Les résultats du tableau ci-dessous montrent des taux d’erreurs élevés pour les applications compte tenu des risques encourus par les utilisateurs non avertis, mais surtout une augmentation des taux d’erreurs pour toutes les applications entre 2021 et 2022.
Les résultats
Nom de l'appication | Taux d'erreurs 2021 | Taux d'erreurs 2022 |
---|---|---|
Champignouf Scanner | 67,71 % | 87,00 % |
Champignouf Photo | 36,45 % | 60,00 % |
Fungus | 67,71 % | 70,00 % |
Schroomify | 2,08 % | 3,00 % |
Picture Mushroom | 10,42 % | 22,00 % |
Exemples d'erreurs les plus inquiétantes car à risques graves pour le consommateur
1. Amanita muscaria* (Toxique) au lieu de Russula ochroleuca* (Sans valeur nutritive)
*Amanite tue-mouches au lieu de Russule ocre et blanche
2. Laccaria laccata* (Comestible) au lieu de Cortinarius rubellus* (Mortel)
*Laccaire laqué au lieu de Cortinaire très joli
3. Amanita rubescens* (Comestible) au lieu de Amanita phalloides* (Mortel)
*Golmotte au lieu d’Amanite phalloïde
4. Leucoagaricus leucothites* (Comestible) au lieu de Amanita phalloides* (Mortel)
*Lépiote pudique au lieu d’Amanite phalloïde
5. Kuhneromyces mutabilis* (Comestible) au lieu de Galerina autumnalis* (Marginata) (Mortel)
*Pholiote changeante au lieu de Galérine marginée
PRUDENCE, PRUDENCE, PRUDENCE car l'aspect visuel seul est insuffisant
La détermination mycologique fait appel à tous les sens : la vue, le toucher, l'odorat, le goût mais également la mémoire et l'expérience. Il faut au préalable savoir utiliser les clés de détermination. Les mycologues avertis utilisent des microscopes et des réactifs chimiques pour compléter leur détermination.
La Société Mycologique de la Roche sur Yon (SMRY) rappelle sur la page d’accueil de son site internet dans un encadré intitulé « Attention aux faux amis », que la détermination d’un champignon ne peut pas se faire uniquement à partir d’une photo.
N'hésitez donc pas à montrer vos récoltes aux pharmaciens ou aux associations mycologiques de votre région. La SMRY tient des permanences à son local deux après-midis par semaine en période automnale.
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